Eoliennes: encore un vent mauvais
Après le paysage ou les plaintes des voisins, le patrimoine bâti constitue un nouvel obstacle aux très nombreux projets de parcs d’éoliennes en Suisse. Au point de définitivement remettre en question l’avenir de cette énergie renouvelable?

Décidément, les éoliennes attirent le vent mauvais en Suisse romande. Après avoir menacé les chauves-souris et les tétras, abîmé les crêtes du Jura et autres paysages, dérangé par leur bruit les proches habitants ou encore perturbé les radars aéronautiques, voici que les grands mâts à hélice se voient opposés au patrimoine bâti.
Cela se passe du côté de Romainmôtier (VD) et de sa célèbre abbatiale, où des opposants au projet «Sur Grati» (six éoliennes de 149 mètres de haut installées sur la crête qui domine Vallorbe à quelque 3 kilomètres du célèbre bourg médiéval, ndlr) brandissent les sites protégés par l’ISOS, l’inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale, comme le révèle 24 heures dans son édition du 18 avril 2016.
Il y en aurait quand même plus de 1200, dont Romainmôtier donc, mais aussi pour ne rester que dans la région, le village de Vaulion, proche des douze éoliennes du col du Mollendruz. Et ce chiffre ne comprend pas d’autres endroits classés comme les voies historiques ou les bâtisses inventoriées individuellement.
De quoi se demander si notre territoire pourra réellement abriter un jour de quoi produire 4,3 milliards de kilowattheures par an, soit entre 600 et 800 éoliennes réparties entre 60 à 80 parcs, comme l’espère Suisse Eole, l’association de promotion de l’éolien en Suisse. Pour l’heure, seules 34 grandes installations éoliennes sont en service dans notre pays pour une production d’à peine 0,1 milliard de kWh. Soit à peine 5% de l’objectif initial.

Lionel Perret, ingénieur et coordinateur romand à Suisse Eole.
Texte: © Migros Magazine | Pierre Léderrey
Auteur: Pierre Léderrey