La religion disparaît du débat public
Coupes budgétaires obligent, la SSR a décidé de se séparer de ses principales émissions religieuses. Un choix qui se comprend au vu de l’audience, mais qui tombe mal. En plein choc des religions, la télévision publique n’a-t-elle pas justement un rôle à jouer?

La décision est tombée comme un pavé dans la mer Morte: la SSR, contrainte à des coupes budgétaires, a choisi de mettre un terme à ses magazines religieux. Exit Faut pas croire, sur RTS Un, Hautes fréquences sur La Première et A vue d’esprit sur Espace 2. A la trappe! Ces trois programmes, co-financés par les Eglises catholique et protestante, disparaîtront des écrans et des ondes à fin 2016. Certes, la SSR doit économiser pas moins de 40 millions de francs, la faute à la baisse de la redevance et des recettes publicitaires. Certes, les émissions religieuses n’ont plus la cote: avec 5,6% de parts de marché pour Faut pas croire, diffusé le dimanche à midi, l’audimat est en berne.
Mais tout de même. Cette décision radicale n’est pas passée inaperçue. Les théologiens s’insurgent, et les médias catholiques et protestants vont même jusqu’à parler de «décapitation» de RTSreligion. Une pétition de soutien sur Facebook a déjà récolté 2343 signatures, à l’heure où nous écrivons ces lignes. Et La Tribune de Genève a ouvert le débat en ligne. Pourquoi ce tollé? Parce que l’abandon de ces émissions arrive au mauvais moment. Dans un contexte crispé, sur fond d’attentats et de montée de l’islamisme, comment ne pas voir dans cette suppression une démission du service public? «Il n’a jamais été question de ne plus traiter des thématiques religieuses sur nos antennes. Décoder les religions et les problématiques de société reste une de nos préoccupations», assure Barbara Stutz, porte-parole de la RTS. Reste à croire...
«On vit dans une société où la sécularisation est très forte»

Christophe Monnot,sociologue des religions à l’Université de Lausanne (UNIL).
Texte © Migros Magazine – Patricia Brambilla
Auteur: Patricia Brambilla