La Suisse est-elle vraiment le pays du bonheur?
Notre pays se classe au 4e rang des Etats où les gens sont le plus heureux, selon une étude de l’ONU. Mais cette félicité est-elle réellement quantifiable?

C’est une dégringolade: après avoir été première en 2015, puis détrônée par le Danemark l’année suivante, la Suisse est désormais quatrième des pays les plus heureux du monde, derrière l’Islande, le Danemark et la Norvège. A une marche du podium, mais parmi le top 5 tout de même, sur 155 Etats sondés.
Publié chaque année depuis 2012 dans le cadre du programme Réseau de solutions pour le développement durable de l’ONU, le classement du World Happiness Report dresse la carte des pays où il fait bon vivre dans le monde.
Mais comment s’y prend-on pour mesurer le bonheur d’un pays? Pas moins de 38 indicateurs sont appelés à la rescousse, dont l’incontournable PIB par habitant, mais ce n’est pas tout: l’espérance de vie en bonne santé, le soutien social et la confiance dans les institutions ou encore la liberté dans ses choix sont aussi de la partie. Résultat, les habitants de la Suisse s’estiment satisfaits de leurs conditions de vie selon un indice de 7,49 sur 10.
Les moins chanceux, parmi lesquels la République centrafricaine ferme la marche, affichent quant à eux un indice de bonheur entre 2 et 3 sur 10...
Cette carte mondiale du bonheur est-elle pour autant pertinente? Oui et non, estime le sociologue genevois Sandro Cattacin qui se montre dubitatif. Car le bien-être est une sensation volatile et souvent surestimée, relève-t-il. Peur de s’avouer malheureux au pays du sans souci? Peut-être, car après tout, on ne prête qu’aux riches.
«L’image de notre pays qui nagerait dans le bonheur me laisse dubitatif»

Sandro Cattacin,professeur de sociologie à l’Université de Genève.
Texte: © Migros Magazine / Viviane Menétrey
Auteur: Viviane Menétrey