Migros améliore les conditions d'élevage
Une grande partie de la viande de lapin Migros vient de Hongrie, un pays où le distributeur fait appliquer l’ordonnance suisse sur la protection des animaux.

Rien n’échappe à la vigilance de Bernhard Walker. Voici le vétérinaire qui interrompt sa tournée d’inspection après avoir repéré un des lapins blancs de la race «Pannon White». Il le saisit d’un geste sûr et le sort du clapier avec précaution. «Ce lapin a trop peu de poils sur les pattes», explique-t-il en l’examinant de plus près. Mais il nous rassure aussitôt: «Tout va bien, il est en bonne santé.» Il s’agit en fait d’une femelle qui vient de mettre bas.
«Les lapines perdent normalement un peu de poils qui servent à confectionner leur nid», explique le vétérinaire employé par les Swiss Quality Testing Services (SQTS), une entité de contrôle appartenant à la Fédération des coopératives Migros, en montrant des lapereaux. Ceux-ci se trouvent dans un nid douillet fait de sciure et de pelage aménagé dans une boîte spéciale située devant le clapier. Agés de deux jours, ils sont dépourvus de poils et se blottissent les uns contre les autres.
Pour établir son diagnostic avec certitude, le vétérinaire dispose d’une liste de contrôle très précise. «J’ai effectué vingt visites en deux ans et je peux dire que nous avons développé ici une installation exceptionnelle.»
L’élevage en famille est révolutionnaire
Quand Bernhard Walker dit «ici», il parle de ses visites d’inspection en Hongrie, plus précisément dans l’exploitation Delimpex, située à une trentaine de kilomètres de Budapest. Quelque nonante mille lapins y sont élevés sur une surface de neuf hectares. L’aspect «exceptionnel» réside dans la façon dont les bêtes sont détenues – un élevage particulièrement respectueux des besoins de leur espèce – ainsi que du grand nombre de lapins présents.
Contrairement à la Suisse, l’Union européenne (UE) ne connaît pas de directives de protection concernant les lapins. Il s’agit là d’un problème important, puisque 80% de la viande de lapin consommée dans notre pays est importée de l’UE.
En Suisse romande, cette viande saine et pauvre en matières grasses est très appréciée. Toutefois, la production suisse ne satisfait de loin pas la demande. C’est pourquoi Migros doit importer 75% des volumes qu’elle écoule.
Au 1er janvier 2012, une nouvelle loi est entrée en vigueur. Celle-ci oblige de déclarer en Suisse la viande de lapin provenant d’élevages ne respectant pas les besoins de l’espèce. Migros ne vend toutefois plus que de la viande de lapin importée produite selon les directives de l’ordonnance suisse sur la protection des animaux, c’est-à-dire provenant d’élevages respectant les besoins des lapins. «Avec Delimpex, nous avons professionnalisé les conditions de travail pour pouvoir garantir des conditions d’élevage conformes, explique Bernhard Walker. C’est là un travail de pionnier.»
Qu’est-ce que cela signifie concrètement? « Le fait de regrouper les animaux par famille est révolutionnaire. Les lapereaux sont élevés ensemble et ne sont jamais séparés jusqu’à la fin de leur vie.» En conséquence, les lapins ne luttent pas pour instaurer une hiérarchie entre eux, ce qui pouvait conduire à des blessures graves.
Le bien-être des animaux est la priorité

Nous entrons dans un nouvel espace d’élevage abritant environ quinze mille lapins. Les surfaces viennent d’être agrandies afin que chaque animal bénéficie d’au moins 1000 cm2. Et lorsqu’il atteint 1,5 kg et demi, ce sont 500 cm2 supplémentaires qu’il aura à disposition.
«Vous entendez? On ne trouve ça nulle part.» Le silence règne dans cette grande halle. «C’est ça qui est remarquable! Les lapins sont craintifs; l’homme représente une menace. Quand j’entre dans un élevage, ils réagissent habituellement avec beaucoup d’inquiétude.» Et pourquoi pas ici? «Parce qu’ils peuvent se retirer dans un espace sombre spécialement aménagé pour eux. Il s’agit d’un progrès important.»
Bernhard Walker poursuit son inspection. Il saisit à nouveau un lapin et l’examine sous toutes ses facettes. Que se passe-t-il si un animal présente des symptômes de maladie, comme une mycose par exemple? «Il est isolé et placé dans une station de soin qui, elle aussi, vient d’être créée.»
Tout est en ordre lors de notre visite. Mais est-ce que le vétérinaire effectue aussi des contrôles surprise? «Bien sûr, car le bien-être des animaux est prioritaire. Migros se réserve donc le droit d’effectuer des visites surprise.»
«L’aménagement des clapiers est entièrement nouveau»

Meinrad Odermatt, directeur de Delimpex SA, répond à nos questions.
Auteur: Christoph Petermann
Photographe: Jorma Müller