Gifles et fessées bientôt hors-la-loi?
Alors que plusieurs pays ont sauté le pas, la Suisse n’a toujours pas formellement inscrit l’interdiction des châtiments corporels dans la loi. Un rapport d’experts veut les bannir à l’heure où l’ONU est en passe d’examiner les droits de l’enfant en Suisse.

«Qui aime bien châtie bien», dit l’adage. Une bonne fessée ou une claque de temps à autre lorsque son enfant ne veut décidément rien entendre, voilà qui remet les idées en place et fait entrer les règles dans les têtes les plus dures. Une certitude qui prévaut encore à l’heure actuelle. Sans être des tortionnaires avérés, de nombreux parents débordés avouent avoir une fois ou l’autre recouru à la manière forte face au refus d’obtempérer de leur bambin.
Une pratique interdite dans plus de trente pays
Rien de mal à donner une claque ou une fessée? Une question de point de vue. Pour le Réseau suisse des droits de l’enfant, de telles pratiques ne sauraient avoir cours de nos jours.
Dans un récent rapport publié en vue de l’examen par l’ONU en 2015 des droits de l’enfant dans notre pays, ils souhaitent que la Suisse ancre dans sa loi l’interdiction des châtiments corporels.
La demande n’est pas nouvelle, mais elle s’est jusqu’à maintenant heurtée à un refus. La raison invoquée par le Parlement qui s’est penché sur la question en 2008: les dispositions légales en vigueur permettent de protéger les enfants des mauvais traitements. Pourtant de nombreux pays, la Suède en tête, cela en 1979 déjà, et plus récemment le Honduras, en 2013, ont sauté le pas.
Un Etat trop interventionniste?
Face aux abolitionnistes de la fessée et de la gifle, les défenseurs du statu quo prônent la liberté individuelle.
Pas question que l’Etat vienne mettre son nez dans ce qui relève de la sphère la plus intime: l’éducation des enfants. Interventionnisme, risque de dérives, dénonciations abusives, les épouvantails brandis sont nombreux. A l’inverse, les tenants de l’éducation non violente plaident pour une portée avant tout symbolique, loin du flicage parental.
«Inscrire l'interdiction de la fessée dans la loi a avant tout une portée symbolique»
Christine Barras, psycho-pédagogue, auteure de «Sociologie de la fessée», Ed. Eclectica.
© Migros Magazine - Viviane Menétrey
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