Loterie Romande: 80 ans de jeux utiles
Fondée en 1937, la Loterie Romande a depuis élargi sa mission d’utilité publique. Le secteur social n’est plus seul à profiter de la redistribution des bénéfices: la culture, le tourisme, le sport et la formation, entre autres, tirent aussi leur épingle du jeu.

Quatre-vingts ans et toutes ses boules. C’est en 1937 en effet que la Loterie Romande a été fondée, à l’instigation des cantons de Vaud, Fribourg, Valais, Neuchâtel et Genève, rejoints par celui du Jura en 1979. L’idée de départ n’a guère varié puisqu’il s’agissait de créer dans le pays romand une loterie dont les bénéfices seraient «redistribués au profit de l’utilité publique». A l’époque, essentiellement «des besoins sociaux et de bienfaisance». Depuis, la palette des bénéficiaires s’est élargie: «action sociale et personnes âgées, jeunesse et éducation, santé et handicap, culture, formation et recherche, conservation du patrimoine, environnement, tourisme et développement», comme le montrent les exemples d’associations ci-dessous qui bénéficient dans nos cantons du soutien de la Loterie Romande. Une institution inscrite dans le paysage et qui fonctionne selon un paradoxe bien suisse: la correction d’un mauvais penchant – soit la passion du jeu – par un bon: l’entraide.

A qui va l’argent de la Loterie? Six exemples
Les villages du futur
Capa’cité, c’est une association neuchâteloise qui s’est donné pour mission d’aider jeunes gens et jeunes filles dans le choix d’une profession et l’entrée dans la vie active. La manifestation a lieu tous les deux ans à La Chaux-de-Fonds et s’étale sur toute une semaine, pendant laquelle les différents métiers se font connaître dans les rues de la ville, en zone piétonne.
L’ensemble s’articule autour de six villages thématiques, représentant chacun une famille de métiers: Bâtiment et construction, Commerce et gestion, Gourmand, Santé et social, Technique, Vert. A quoi s’ajoute un village central pour l’information générale. Les apprentis, les professionnels et les entreprises présentent leurs métiers d’une manière qui se veut «ludique et interactive».
Principal public visé: les élèves des 10e et 11e années et des classes de préapprentissage, mais aussi les parents, les entreprises formatrices, les responsables des ressources humaines (RH), les personnes en recherche d’emploi ou voulant se réorienter.
Capa’cité est financé par la Confédération, le canton de Neuchâtel, la ville de La Chaux-de-Fonds ainsi que, bien sûr, la Loterie Romande.
Le festival qui pique
Encore un festival? Oui, mais celui-là est vraiment différent, puisque réservé aux 3-14 ans. Hérisson sous gazon, c’est 7000 spectateurs sur deux jours, au mois de juin. Avec un surnom qui tape fort: «Le Paléo des marmots». La manifestation se déroule sur plus de 5000 m2 dans le village valaisan de Charrat, à deux pas de Martigny, autour principalement de l’école et de la salle polyvalente. Au menu, des spectacles et des concerts animés par des clowns, des chanteurs, des musiciens et des artistes en tout genre. Mais aussi une cinquantaine d’ateliers organisés la plupart à l’extérieur sous de grandes tentes. Avec des thématiques aussi variées que la chimie, la cuisine, l’accordéon, le bricolage, le sport ou le freestyle airbag. Des ateliers dont l’accès est compris dans le prix d’entrée du festival. Hérisson sous gazon ne fonctionne qu’au bénévolat et s’appuie sur plusieurs sponsors, dont la Loterie Romande, pour couvrir les principaux frais et offrir aux familles un prix d’entrée raisonnable – soit Fr. 22.- en prélocation ou Fr. 28.- sur place par enfant et la gratuité pour les parents.
A bon entendeur
Offrir aux personnes sourdes de Suisse romande un accès à des productions culturelles en langue des signes: tel est l’objectif de l’association Interprètes LSF indépendantes. Concrètement, ce sont des interprétations de spectacles, de pièces de théâtre ou encore de contes en langue des signes, qui sont proposées chaque année dans plusieurs villes de Suisse romande. Mais également, depuis 2015, des traductions de concerts de chanteurs francophones, comme au Montreux Jazz.
Au début, le projet intitulé «Sourds et culture» était cantonné à Genève, avec le soutien de la ville et du Bureau fédéral de l’égalité pour les personnes handicapées. Depuis, avec l’appui de nouveaux partenaires, dont la Loterie Romande, il est à l’œuvre dans toute la Suisse romande. «Pour développer des projets, il faut pouvoir bénéficier de subventions. Ce n’est pas aux troupes ou aux espaces qui commandent des spectacles de supporter les coûts d’une traduction en langue des signes», expliquait Catherine Delétra, l’une des interprètes de l’association, au Quotidien jurassien lors d’un spectacle à Saint-Imier. Pour les interprètes, traduire un spectacle en langue des signes nécessite en effet plusieurs heures de préparation en amont. Il s’agira par exemple de «lire le texte ou visionner le DVD, de décider si l’interprétation se fait à un ou plusieurs interprètes, de travailler sur la traduction, la répartition des personnages, de s’exercer, s’approprier le texte du spectacle, se coordonner harmonieusement avec les comédiens et la collègue, participer au travail de préparation avec les comédiens, d’assimiler non seulement le texte, mais aussi le rythme de parole et les émotions, et de participer à des répétitions générales.»

Tous à la ferme
Des cochons, des oies, des chèvres et des moutons, mais aussi des chevaux, des poneys, des dindons. La Gavotte est une ferme et association créée en 1984 du côté de Grand-Lancy (GE) et qui entend «favoriser la découverte, l’approche et la connaissance des animaux par les enfants». Pour ce faire, chacun peut se promener librement dans la ferme et les environs.
Des balades en poney sont également organisées, ainsi que des camps de vacances à Pâques, en été et en automne. La Gavotte accueille aussi gratuitement des enfants d’institutions spécialisées et met, tout aussi gratuitement, des poneys et autres animaux à la disposition de diverses associations et institutions: «Nous poursuivons régulièrement de telles actions au profit de kermesses paroissiales, fêtes locales, institutions diverses et journée de soutien à l’enfance. Nous voulons éviter à nos adolescents une tendance naturelle au repli sur soi, à la satisfaction égocentrique de ses propres aspirations. Cette disponibilité aux autres est un aspect important de notre approche.»
Tout cela n’existerait pas, explique encore le comité, «sans la formidable équipe d’enfants, adolescents et adultes qui, tout au long de l’année, fournissent coups de main, travail quotidien, énergie et enthousiasme».
La tour de Babel
Deux cent cinquante langues! Livrechange, à Fribourg, ne vole pas son appellation de «bibliothèque interculturelle». L’idée est bien sûr de favoriser, par l’échange, l’intégration des populations migrantes présentes dans la région. Outre donc des collections de livres en 250 idiomes, la bibliothèque propose des animations pour les enfants et les jeunes, des ateliers de conversation en français et en allemand, des lectures, des diffusions de films. Même si le service du prêt reste une offre essentielle.
Fondée en 2002 à l’initiative de plusieurs militants, en prenant pour modèle une structure similaire existant déjà à Renens, dans le canton de Vaud, Livrechange fête ses quinze ans d’existence. Au début, des livres en 65 langues étaient proposés, provenant initialement de dons récoltés grâce à la mobilisation des différentes communautés.
Aujourd’hui, la bibliothèque est ouverte vingt-deux heures par semaine et fonctionne surtout grâce à des bénévoles, puisqu’elle compte seulement 1,9 emploi salarié à plein temps. Le soutien de la Loterie Romande a entre autres permis le réaménagement complet des locaux l’an dernier.
On pourrait se demander, certes, si les migrants n’auraient pas intérêt à perfectionner plutôt leur allemand ou leur français. A quoi, dans les colonnes du quotidien La Liberté, la directrice de Livrechange Ana Caldeira Tognola répondait en avril dernier que «les résultats scolaires des élèves qui maîtrisent leur propre langue maternelle sont meilleurs».
Des Rossignols aux Mustangs
Quatre cents membres, dix équipes (homme, femme, junior et vétéran), vingt-trois titres nationaux et trois titres européens, toutes catégories confondues. Tel est le bilan du SHC Rossemaison. Pas mal pour un village de six cents habitants, surnommés les Rossignols, et situé dans le district de Delémont. C’est d’inline hockey qu’il s’agit, une variante assez confidentielle du roller inline hockey, qui se joue avec une balle au lieu d’un palet et dont la fédération internationale ne compte que onze pays membres, dont la Suisse.
Pourtant, plus question de rossignols dès qu’on franchit les portes du Forum Biwi, la nouvelle salle qui vient d’être inaugurée en 2016: le surnom des joueurs de Rossemaison sonne en effet un peu plus costaud puisqu’il s’agit alors des Mustangs.
Fondé le 21 septembre 1984, le SHC Rossemaison est un club formateur qui tourne grâce au bénévolat et au soutien de sponsors. Il promeut des valeurs fortes, énoncées dans sa charte: respect, loyauté solidarité, fraternité, engagement. Mais aussi plaisir: «L’inline hockey est avant tout un jeu. En tant que tel, il doit être une source d’expériences constructives, un lieu où célébrer la joie d’être ensemble et d’appartenir à une collectivité qui se caractérise par des valeurs positives.»
«Notre but est de trouver le point d’équilibre entre être attractif et être responsable»

Anne-Marie Lang
Anne-Marie Lang
29.10.2017Bravo à la Loterie Romande ! permettre à chacun de jouer utilement...
Laurence Caille
Laurence Caille
20.07.2017Que ferait-on sans la loterie romande?
Philippe NOULETTE
Philippe NOULETTE
24.07.2017Réaliser des minis- championnats avec toute l'infrastructure des grands (promotion-publicité-règlements propres mais moins lourds à la base de chaque sport) et développer l'aide nécessaire en pourcentage des aides apportées par les clubs inscrits à un programme dés l'âge propre aux juniors et dans l'intérêt du sport dit amateur et ouvert à tous publics pour améliorer l'impact publicitaire et ne pas tomber dans l'idée que tout effort mérite salaire et crée une distorsion entre les nombreux clubs en fonction des charges financières non compte tenu du nombre des membres et des sports dits de masse... Philippe NOULETTE
Julie Rochat
Julie Rochat
20.07.2017Passionnant!